10 idées reçues sur les menus végétariens à la cantine
Greenpeace est une organisation internationale qui agit selon les principes de non-violence pour protéger l’environnement et promouvoir la paix. Sur les questions agricole et alimentaire, Greenpeace milite pour une réduction de la consommation de viande et de produits laitiers au profit de la qualité. Il s’agit de consommer « moins et mieux », et de défendre un élevage écologique face à une industrialisation toujours croissante.
SOMMAIRE :
- Idée reçue #1 : « cela va coûter plus cher »
- Idée reçue #2 : « la loi ne permet pas de servir des repas végétariens »
- Idée reçue #3 : « Le GEMRCN est très contraignant »
- Idée reçue #4 : « les usagers ne sont pas prêts »
- Idée reçue #5 : « les enfants ont besoin de viande pour bien grandir »
- Idée reçue #6 : « les menus végétariens fragilisent encore plus la filière viande »
- Idée reçue #7 : « les menus végétariens sont compliqués à mettre en place »
- Idée reçue #8 : « Les menus végétariens favorisent le communautarisme »
- Idée reçue #9 : « pour les enfants défavorisés, la cantine est parfois le seul lieu où ils peuvent encore manger un repas équilibré »
- Idée reçue #10 : « proposer des menus végétariens, ça prend du temps à organiser »
Idée reçue #1 : « cela va coûter plus cher »
🤷 Cela dépend de quoi on parle
Pour les cantines en gestion externalisée : la transition se fait à coût constant | Pour les cantines en gestion directe : deux cas de figure |
On ne constate pas de baisse des prix car ils sont difficilement négociables avec les prestataires. | ❌ La cantine recourt massivement aux produits transformés et substituts de viande. ✅ La cantine prépare des menus basés sur l’association de protéines végétales brutes. |
- Dans la ville de Lille, on sert deux repas végétariens par semaine à tous les enfants. Un recours régulier aux protéines végétales non transformées permet une économie moyenne de 10 centimes par repas.
- Les 13e et 18e arrondissements de Paris évaluent l’économie à 30 centimes à chaque repas servis.
- La ville de Toulouse a estimé qu’elle jetait l’équivalent de 300 000 € de viande par an et a décidé de proposer un menu sans viande pour lutter contre cet énorme gaspillage.
⚠️ Un point de vigilance. Dans certains territoires, l’introduction d’un menu végétarien dans les écoles du premier degré peut générer une augmentation de la fréquentation de la cantine, jusqu’à 30% dans certaines villes. En fonction de la répartition des coûts, cela peut impliquer une hausse du budget de la restauration scolaire.
Retrouvez l’étude sur l’option végé et ses coûts ICI
Idée reçue #2 : « la loi ne permet pas de servir des repas végétariens »
❌ FAUX, elle sera même coercitive sur ce point à partir de novembre 2019.
- La loi n’interdit pas de proposer des menus végétariens !
- Elle rend obligatoire de proposer selon une fréquence réglementée certains aliments qui se trouvent ne pas être végétariens.
- Cette fréquence imposée permet de servir au maximum 12 menus végétariens sur 20, soit deux repas végétariens par semaine pour une semaine « de quatre jours » ou 3 repas végétariens sur 5 pour une semaine « de cinq jours ».
- Depuis le 1er novembre 2019 toutes les cantines scolaires sont également tenues de proposer un menu végétarien ou au moins une fois par semaine (loi EGalim) Elles peuvent également aller plus loin et proposer une option quotidienne, ce qui est encouragé depuis le vote de la loi Climat en 2021. (Le texte de la loi Climat et Résilience (Titre IV — Chapitre I — Article 252)
Idée reçue #3 : « Le GEMRCN est très contraignant »
❌ FAUX, le GEMRCN est une simple recommandation !
Le GEMRCN, c’est le Groupe d’Études des Marchés de Restauration Collective et Nutrition. Il s’agit d’un document économique, dont l’objectif est de permettre aux structures de passer leurs commandes de denrées au plus juste, en fonction des besoins nutritionnels des convives.
Le GEMRCN est une aide pour les chef.fe.s et les gestionnaires, mais l’application de ses fréquences et de ses grammages n’est pas obligatoire. Il n’a pas de valeur juridique, sauf dans le cas d’un contrat passé avec un prestataire : si le respect des fréquences du GEMRCN est mentionnée dans le contrat, cette obligation devient donc contractuelle. Elle peut être changée au moment de la renégociation du contrat avec la société prestataire.
De plus, l’activité du GEMRCN a été arrêtée en 2021 (lien de l’explication ici).
Le GEMRCN peut toutefois continuer à être utilisé comme une aide pour les acteurs et actrices de la restau co’, afin de calculer les rations et de faire les commandes, mais il n’a plus de valeur officielle.
Idée reçue #4 : « les usagers ne sont pas prêts »
🤷 Cela dépend de quoi on parle
Le succès des menus végétariens est très simple à démontrer : dans la plupart des villes où une option végétarienne est proposée chaque jour, elle est choisie par 30 à 35% des usagers (sauf certains arrondissements parisiens où le chiffre est moindre)
À Lille, la mairie a mis en place un menu végétarien hebdomadaire dans les cantines des écoles primaires. Il a eu un tel succès auprès des enfants que la ville en a mis en place un deuxième.
Un sondage réalisé pour Greenpeace par BVA montre que 59% des français sont favorables à l’introduction des menus végétariens dans les cantines. Cette proportion passe à 74% pour les 18–34 ans.
Il est vrai que dans certaines cantines, la mise en place du projet peut parfois provoquer une certaine incompréhension de la part des usager·es. Il est très important que les personnes soit impliquées et informées dès la phase de réflexion du projet.
Notre étude menée avec Greenpeace en 2021 a révélé que ce n’est pas le fait qu’un repas soit végétarien ou non qui fait son succès. C’est sa qualité : si c’est bon, les convives apprécient leur repas (c’est logique, mais ça fait du bien de le rappeler 😉).
Idée reçue #5 : « les enfants ont besoin de viande pour bien grandir »
❌ FAUX. Le régime végétarien est parfaitement adapté aux enfants et adolescents en pleine croissance.
En France, le déficit d’information sur l’alimentation végétarienne continue de semer le doute. De nombreuses personnes, y compris des professionnel.le.s de santé, s’interrogent encore publiquement sur les bienfaits cette alimentation ou d’une moindre consommation de viande. Ces craintes ne sont pourtant étayées par aucune étude scientifique.
Les études aujourd’hui disponibles démontrent clairement que :
- La population française consomme encore aujourd’hui trop de viande et trop de protéines animales par rapport aux recommandations officielles. La consommation moyenne de protéines constatée est de 1,4 g de protéines par kilo de masse corporelle et par jour au lieu des 0,8 recommandés par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (ANSES).
- Nous servons trop de protéines aux enfants dans les cantines, entre deux et six fois trop par rapport aux recommandations de l’ANSES selon une enquête de Greenpeace.
- Pour l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), cette surconsommation de viande associée à une surconsommation de produits transformés et raffinés participe à la montée en puissance de l’obésité et des maladies cardio-vasculaires.
« On estime que d’ici 2020, les deux tiers de la charge mondiale de morbidité seront imputables à des maladies non transmissibles chroniques, pour la plupart nettement associées au régime alimentaire. Le passage à une alimentation comportant davantage de denrées alimentaires raffinées, d’aliments d’origine animale et de graisses joue un rôle majeur dans l’épidémie actuelle d’obésité, de diabète et de maladies cardio-vasculaires, entre autres affections non-transmissibles. » Source : “Régime alimentaire, nutrition et prévention des maladies chroniques”. Rapport d’une consultation OMS/FAO d’experts (Rapport technique de l’OMS 916).
Idée reçue #6 : « les menus végétariens fragilisent encore plus la filière viande »
❌ FAUX, ils permettent au contraire de relocaliser les filières d’approvisionnement.
À titre d’exemple, selon la FDSEA, 87 % de la volaille servie dans la restauration collective est importée, de même que près de 80 % de la viande rouge. Selon Interbev, environ 60% de la viande bovine consommée dans les établissements de restauration collective est issue de l’importation. Bien que le chiffres varient d’un organisme à l’autre, une seule certitude : aujourd’hui les importations représentent la majorité de la viande servie dans les cantines scolaires.
La consultation nationale menée par l’AVF auprès des acteurs de la restauration collective démontre que les économies générées par l’instauration de menus végétariens permettent aux collectivités de flécher les marges dégagées vers des produits issus des filières locales de qualité.
En d’autres termes, et contre toute attente, l’introduction de repas végétariens permet même, grâce aux économies réalisées, de soutenir la filière viande locale, si c’est le souhait de la collectivité.
➔ Dans la ville de Clermont-Ferrand, l’introduction des menus végétariens (lien hypertexte en survol) s’accompagne d’un approvisionnement en viande 100% local.
Idée reçue #7 : « les menus végétariens sont compliqués à mettre en place »
🤷 Cela dépend de quoi on parle
L’AVF a tout à fait conscience des freins rencontrés par le secteur de la restauration collective.
Les cantines doivent en effet faire face en même temps…
- à une augmentation des prescriptions de l’État : fréquences, grammages, hygiène, sécurité, plastiques, bio, etc.
- à une augmentation des attentes des parents : accessibilité tout public, PAI, bio, sans porc, végétarien, flexibilité, prix, horaires, etc.
- pour les communes, à une baisse régulière des dotations globales de fonctionnement (DGF), sachant qu’elles constituent de loin la principale dotation de fonctionnement de l’État aux collectivités territoriales.
- À leurs propres contraintes logistiques.
À cela, ce sont rajoutées tous les nombreux et soudains changements de règlementation de la période “covid” de 2020 à 2022, venant encore renforcer les contraintes pesant sur les équipes de restauration collective.
Cependant, l’introduction des menus végétariens est une urgence climatique et sanitaire. Malgré les difficultés contextuelles, nous n’avons plus le choix : pour nos enfants, pour la planète, il est vital d’agir.
➔ Les villes et les établissements scolaires ayant fait le choix des menus végétariens sont désormais tellement nombreux qu’il est difficile de les répertorier tous. À titre d’exemple : les villes de Grenoble et de Lille servent deux repas végétariens à tous leurs usagers deux fois par semaine. La ville de Grenoble, qui propose également une option quotidienne, a même choisi de faire du repas végétarien son option par défaut.
Les villes de Saint-Étienne, Valence, Bègles, Paris 2e, Paris 18e, Le Creusot, Montereau proposent chaque jour une option végétarienne. Pour en savoir plus, consultez la carte interactive réalisée par Greenpeace.
Idée reçue #8 : « Les menus végétariens favorisent le communautarisme »
❌ FAUX, les menus végétariens favorisent avant tout la santé des enfants et celle de la planète
L’AVF est une association laïque, qui ne se positionne aucunement sur des demandes communautaires. Cependant nous faisons aujourd’hui le constat qu’un certain nombre de villes et de cantines scolaires hésitent à proposer des menus végétariens par peur de satisfaire des exigences religieuses. Certaines collectivités ou structures s’y refusent même pour des raisons purement idéologiques. Or les repas végétariens répondent aujourd’hui et avant tout à une urgence sanitaire et environnementale.
D’autre part il est essentiel d’avoir à l’esprit qu’aujourd’hui près d’un tiers de la population est déjà flexitarienne (étude de l’échantillon de consommateurs Kantar Worldpanel, dévoilée mercredi 29 novembre 2107), ce qui implique plus de 20 millions de personnes. Cette part de la population aspire tout naturellement à ce que leurs enfants ne soient pas obligés de manger de la viande tous les jours à la cantine.
➔ Dans la ville de Valence, on considère que la proposition d’une option végétarienne quotidienne est une façon de sortir par le haut d’une problématique qui dépasse très largement la question des pratiques religieuses.
Idée reçue #9 : « pour les enfants défavorisés, la cantine est parfois le seul lieu où ils peuvent encore manger un repas équilibré »
✅ VRAI, mais si on entend par « équilibré » un menu qui comporte de la viande, c’est FAUX !
La consommation de fruits et de légumes est plus importante chez les cadres que chez les ouvriers, et à l’inverse, les produits carnés sont davantage consommés dans les milieux modestes que dans les milieux aisés (“Les différences sociales en matière d’alimentation”, Centre d’Étude et de Prospective, Ministère de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt, Analyse n° 64, octobre 2013).
Plus le budget d’un ménage est restreint, moins il consomme de fruits et légumes : les fruits et légumes feraient office d’une des variables d’ajustement des dépenses du ménage vis-à-vis de son budget (Gabriel Tavoularis et Pascale Hébel, “Fruits et légumes : les Français suivent de moins en moins la recommandation”, Crédoc, Consommation et Modes de vie n° 292 • ISSN 0295–9976, juillet 2017).
Il est urgent d’avoir à l’esprit qu’un menu végétarien peut être tout aussi équilibré, nutritif et sain qu’un menu traditionnel.
Idée reçue #10 : « proposer des menus végétariens, ça prend du temps à organiser »
✅ VRAI, la transition vers une proposition végétarienne ne peut se faire que dans la concertation et la progressivité.
L’AVF a conscience que la transition vers les repas végétariens ne peut pas, et ne doit pas, se faire du jour au lendemain. C’est la raison pour laquelle elle propose :
- Des outils d’accompagnement pour les acteurs de la restauration collective.
- Une mise en contact entre établissements expérimentés et établissements débutants.
- Un corpus de recettes spécifiquement adaptées à la restauration collective.
- Des solutions de formation pour les cuisiniers.
- Des supports de communication pour informer les acteurs de la restauration collective et les usagers.